Etymologie

Avant que les termes handicap et handicapé utilisés dans leur sens générique courant actuel n’apparaissent, on rencontre un vocabulaire riche, divers, discriminant et, souvent, péjoratif : infirme, invalide, débile, imbécile, idiot, paralytique, mutilé, estropié, inadapté, aliéné, anormal, déficient…

Le mot HANDICAP est d’origine anglaise. Il est la contraction probable de « HAND IN CAP » : c’est aussi là qu’est le H.I.C ! 😉 Cette expression signifie « la main dans le chapeau« . Elle est utilisée à partir du XVIIème siècle dans un jeu d’échange, de troc d’objets personnels placés dans un chapeau dans lequel un arbitre vérifiait l’égalité de valeur des mises afin d’assurer l’égalité des chances des joueurs. (Je vous invite à lire un article intéressant et beaucoup plus complet sur les réflexions relatives à l’étymologie du mot handicap de M. Ron Amundson
Ronald, ancien professeur de philosophie à l’université de Hawaï, Hilo, Département de philosophie : À propos de la signification de « handicap »
)

Voir l’article en français et en anglais ci-dessous

Jusqu’au XIXème siècle, le mot « handicap » semble avoir d’abord été utilisé dans l’univers du sport, notamment dans le domaine hippique. Dans ce contexte, Henri-Jacques Stiker l’assimile à « une mesure des performances inégales des concurrents engagés dans la compétition » (« Comment nommer les déficiences ? » Ethnologie française 2009/3  t. XXXIX p. 463). Cette mesure vise à déterminer la manière d’égaliser les chances des compétiteurs (imposer, par exemple, une plus longue distance, un poids supplémentaire…). Cette acception est encore connue, de nos jours, dans les courses de chevaux avec handicap. Ce n’est que par la suite (fin XIXème – début XXème) et progressivement que l’idée d’« égalisation des chances » rattachée à cette notion a été supplantée par celle de « gêne », de « désavantage », d’« infériorité ». Il est cocasse de relever que, si on avait retenu la définition étymologique, les personnes handicapées ne seraient pas celles qui sont « déficientes », mais les autres. Ce sont ces personnes dites « normales » qui supporteraient le « handicap ».

couverture du livre de Henri-Jacques Stiker « Corps infirmes et sociétés« 

En France, on peut considérer que le sens médical du handicap s’impose au début des années cinquante et que le terme se substitue peu à peu à celui d’infirmité en parallèle à la notion de réadaptation. Le législateur l’utilise pour la première fois en 1957 et les dictionnaires de la langue française à sa suite (Le Robert en 1957, le Larousse encyclopédique en 1968, le Quillet en 1965).